Sous la direction artistique de Jean-Baptiste Janisset
Capsule vidéo : Jean-Christophe Arcos
Production : Fonds de dotation Katapult
Supports de communication : Temple Magazine
Durant le week-end d’ouverture d’Art-o-Rama, salon international d’art contemporain – Buropolis a vu le vernissage de l’exposition « Si nous n’avions pas vu les étoiles » imaginée par l’artiste résident Jean-Baptiste Janisset. L’exposition Si nous n’avions pas vu les étoiles constitue le second volet d’un cycle de recherche initié par Jean-Baptiste Janisset, sous une forme collaborative, à Cantina Art Space à Aarhus (Danemark) en mai dernier, inspirée du film Solaris d’Andreï Tarkovski.
Située au neuvième étage de Buropolis, elle réunit vingt-six artistes issus de la scène artistique française et internationale dont dix-neuf ont été invités par Jean-Baptiste Janisset à un voyage spatial, onirique et sacré, tandis que sept autres artistes ont été réunis par Jean-Chistophe Arcos qui curate la capsule vidéo.
« Fin juillet, l’imaginaire testostéroné de la conquête spatiale retombait mollement. A quelques jours d’intervalle, deux milliardaires accompagnés d’une poignée de leurs émules passaient quelques minutes en apesanteur à une petite centaine de kilomètres de la Terre. Les premiers pas vers une privatisation des confins célestes à destination du 0,0001% aura surtout entériné cet ultime constat : viser la frontière plutôt que l’immensité reconduira toujours des relents de domination coloniale, sans jamais cependant dépasser les cadres de pensée étriqués d’un positivisme moderne éculé.
Mais que l’on contemple l’horizon lointain tel qu’il s’offre dans toute son incertitude iridescente et c’est au contraire l’expérience d’un inconnu radical qui vient rebattre les cartes du connu et du perçu. Il en va d’une apparition fugace et fuyante comme l’est un mirage, une hallucination ou plus simplement d’un éblouissement qui, discrètement, murmure que non, tout n’a pas déjà été exploré, répertorié, commodifié, Googlemappé, que nous ne venons pas trop tard, que le mystère demeure et, qu’enfin, le terrestre lui-même s’élargit et s’amplifie si tant est que le regard ait l’humilité de le laisser pleinement éclore.
L’exposition collective Si nous n’avions pas vu les étoiles provient de l’ambition à la fois humble et infinie d’électriser à nouveau l’imaginaire. Son titre provient d’une phrase prononcée par l’astrophysicien Michel Mayor qui, en 1995, découvrait la première exoplanète – une planète située en dehors du système solaire – depuis l’Observatoire de Haute-Provence. A une centaine de kilomètres de là, au neuvième étage de Buropolis à Marseille, une vingtaine d’artistes s’accordent ensemble à faire résonner à nouveau le questionnement du Prix Nobel se demandant quel aurait été le développement de la pensée si la lumière des astres n’était venue capter le regard des vivants.
Conçue comme une odyssée élisant le spectre métaphysique contre cet autre simplement technologique, la proposition confiée à la direction artistique de Jean-Baptiste Janisset rassemble une vingtaine d’artistes (Anastasia Bay ; Neïl Beloufa ; Wolf Cuyvers ; Sophie Dejode & Bertrand Lacombe ; Mathilde Denize ; Michele Gabriele ; Bella Hunt & DDC ; Jean-Baptiste Janisset ; Fiona Mackay ; Jean-Michel ; Lux Miranda ; Nicolas Momein ; Panamarenko ; Lise Stoufflet ; Floryan Varennes ; Romain Vicari ; Julie Villard & Simon Brossard ; Tom Volkaert ; Victor Yudaev) ainsi qu’une programmation vidéo sélectionnée par Jean-Christophe Arcos (Julien Creuzet ; Marie Lienhard ; Sara Sadik ; Virginie Yassef ; Laurie Charles ; Gregory Chatonsky ; Caroline Mesquita).
Au sein d’une scénographie dont le sol recouvert d’un thermo-isolant argenté reflète à la fois les rayons du soleil et les corps physiques et matériels, les oeuvres, médiums et singularités individuelles se brouillent et s’augmentent tout en laissant la part belle aux fréquences spirituelles et aux résonances ésotériques, aux effets de croyances ancestrales et aux boucles rétro-futuristes, aux vocables néo-mythologiques et aux formes mâtinées d’une mélancolie primordiale.
En 1974, le philosophe Theodor W. Adorno se désolait de ces « étoiles retombées à terre » (« The Stars Down To Earth »1) dont témoignait selon lui l’essor de l’occultisme et de l’irrationnel dans la culture populaire de la seconde moitié du XXe siècle. Or en plaçant l’éblouissement au centre de son expérience perceptive, Si nous n’avions pas vu les étoiles retourne la formule pour en inverser la portée : certes, les étoiles sont retombées à terre, mais uniquement par l’effort sans cesse reconduit des artistes qui les y attirent et appellent, bien conscients qu’il s’agit là du meilleur antidote pour reconstruire l’avenir autrement qu’adossé à la folie des grandeurs des techno-Icares. »
Ingrid Luquet-Gad
1 Theodor Adorno, « Theses Against Occultism », The Stars Down to Earth and Other Essays on the 1 Irrational in Culture, Londres: Routledge, 1994 [1974]
– Anastasia Bay
– Neïl Beloufa
– Laurie Charles
– Gregory Chatonsky
– Julien Creuzet
– Wolf Cuyvers
– Sophie Dejode & Bertrand Lacombe
– Mathilde Denize
– Michele Gabriele
– Bella Hunt & DDC
– Jean-Baptiste Janisset
– Marie Lienhard
– Fiona Mackay
– Caroline Mesquita
– Jean-Michel
– Lux Miranda
– Nicolas Momein
– Panamarenko
– Sara Sadik
– Lise Stoufflet
– Floryan Varennes
– Romain Vicari
– Julie Villard & Simon Brossard
– Tom Volkaert
– Victor Yudaev
– Virginie Yassef
Avec un DJ SET de Tim Karbon lors du vernissage le samedi 28 juillet 2021.